L’histoire jamaïcaine revisitée par la danse : de la Kumina au Dancehall

(Article inspiré d’une conférence de Laure Courtellemont)

En Jamaique, la danse Kumina est une danse traditionnelle avec des chants et des percussions datant du 18ème siècle. L’esclavage, par les Britanniques, qui a duré 300 ans, a vu naître le Mento, grand-père du Rumbabox. C’est la naissance du rythme reggae. Les thèmes principaux sont la dureté de la vie, l’esclavage, la colonisation, le sexe. Le premier enregistrement date de 1950.

L’évolution de la musique et l’attitude de la danse va dépendre du contexte politique.

En 1962, c’est l’indépendance !

Quelques années avant, le peuple rêve de l’indépendance, a de l’espoir, se « lève ». Le rythme est plus gai, s’accélère. Dans les années 60, une base américaine installée sur l’île apporte le Rythm N’Blues et le Jazz de la nouvelle Orléans. De ces influences s’inspire le Ska, musique rythmée et saccadée marquée par le Calypso, les musiques caribéennes et des carnavals.

Son apogée est en 1962. Les Skatalites sont alors en tournée aux Etats-Unis et en Europe.

C’est la première musique jamaïcaine qui explose et est reconnue à l’international. On y danse en couple et l’attitude change : de courbée à levée, de la tête basse à la tête haute. C’est une danse qui vient du peuple, d’un peuple asservi à un peuple fier !

 

Après l’indépendance, les conditions de vie ne changent pas, il y a toujours la misère, les ghettos, les gangs, la violence. Le peuple est en colère, les « rude boys » arrivent. Le rythme ralenti, le corps se courbe. Le Rocksteady fait son apparition à la fin des années 60, avec une danse plus lente.

 

 

Après la déception, le rêve revient dans les années 70 : cet espoir est lié au mouvement rasta, Marcus Gravey, Bob Marley, Jimmy Cliff, entre autre. C’est l’époque du reggae : l’union de tous, de tous les peuples noirs qui se reconnaissent dedans. C’est l’espoir, l’amour, l’acceptation. « La seule musique qui te frappe sans te faire mal. » Cela se traduit en danse par l’ouverture du corps. Jimmy Cliff a eu un gros impact :

Bob Marley a permis le rayonnement international de cette musique par un reggae conscient traduisant le message de Marcus Garvey.

Marcus Garvey (1887-1940) a initié le mouvement rasta, le rastafarisme. Hailé Sélassié, Jah pour les rastas, marque un lien fort de la Jamaïque avec l’Afrique. Il est venu en Jamaïque en 1962. Les rastas utilisent des percussions et ont leurs propres rythmes comme le « Nyabinghi », liés à l’Afrique et qui se retrouvent dans le reggae. C’est une culture « à part », anti-système.

Il existe plusieurs reggae, liés à la politique: roots, new root, rub-a-dub, dub… De nombreux jamaïcains n’aiment pas le reggae. C’est une musique qui sort du Ghetto pour aller à l’international : Ghettomusique, musique des rastas, « down town ».

L’Europe a permis au reggae de continuer à vivre. En Jamaïque, cette musique évolue avec l’influence des nouvelles technologies, du hip-hop : Dub, New Roots, et enfin le Dancehall qui apparaissent dans les années 80. Les sound system font vivre la communauté, ils sont dans la rue jusqu’au bout de la nuit, et la danse aussi : « dance untill the drop ! » : « danser jusqu’à tomber !». L’industrie musicale est en pleine expansion.

En 1993, le Dancehall arrive en France sous le nom de « raggamuffin ». Ce terme vient du patois jamaïcain avec « rags » pour haillons, « muf » pour system D, et désigne les gens pauvres.

Ce terme n’est pas utilisé en Jamaïque pour nommer une musique et est mal vu par les reggaeman. Commencent des tensions entre la Jamaïque et l’Europe car des termes ne sont pas compris, pas utilisés de la même manière.

Les 1er sons dancehall, en 1984, sont influencés par l’arrivée du digital – Lee Perry :

le Rub-a-Dub – U Roy – avec un taosting et une envie de revendiquer :

C’est une culture de « l’extrême » où il y a beaucoup de sexe (slackness) et de violence. La Dancehall change la danse, il y a un rapprochement des hommes et des femmes qui ont leur place aussi. Patra en est une première représentante dans les années 90 :

En Jamaïque, il y a des steps, à respecter et à inventer. Là-bas, pas de variations, pas d’improvisations mais des routines. En France, la culture de la chorégraphie, du mélange, de l’impro déplaît aux jamaïcains.

Trois courants se mélangent actuellement.

De 90 à 2000, la old school marquée par le 1er danseur Dancehall, Boggle, qui a créé les premiers pas pour les hommes avec le bassin, la westline. Des chansons dancehall portent le nom de step, comme certains sons de Bennieman

et Elephantman

De 2000 à 2010, la middle school, avec notamment John Hype, amène des steps avec le haut du corps.

Depuis 2010, la new school est marquée par le haut du corps fermé, des steps plus complexes.

Maintenant, certains sons dancehall sont très éloignés du reggae que ce soit musicalement ou dans les paroles.

Pour compléter cet article, vous pouvez consulter le dossier de reggae.fr

http://www.gangalee.net/

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